
Lorsqu’on parle de la vie d’un saint en des propos élogieux, cela ne signifie pas qu’on ne peut pas trouver dans sa vie des moments de faiblesse. À propos, Vincent Pallotti lui-même disait ceci : « Remarquez que dans les biographies des saints, on ne trouve aucun chapitre sur leurs fautes. Si on ajoutait cependant ce chapitre, il serait certainement le plus long ». Ce qui est important, ce sont les actions positives qui peuvent servir d’exemple à chacun d’entre nous. « La sainteté ne consiste pas à ne pas faire des fautes, mais à s’engager pleinement à faire le bien ».[1]
Vincenzo Pallotti est né à Rome le 21 Avril 1795 de Pietro Paolo Pallotti et de Maria Maddalena De Rossi. Troisième d’une fratrie de dix, il effectue ses études à Rome. Élève assidu, il engrange des médailles qu’il s’empressait soit de les déposer auprès de la Madone, soit de les vendre pour en donner le fruit aux nécessiteux. À l’âge de 16 ans, il exprime son désir d’être prêtre. Ce désir devient réalité lorsqu’il est ordonné prêtre le 16 mai 1818. Dès lors, son programme pastorale est tout trouvé ainsi que lui-même le dira plus tard : « je voudrais être nourriture pour rassasier les affamés ; vêtement pour vêtir ceux qui sont nus ; boisson pour rafraîchir les assoiffés ; remède pour fortifier l’estomac de ceux qui sont faibles ; soins pour soulager les souffrances des malades, des paralysés, des estropiés, des muets et des sourds ; lumière pour éclairer ceux qui sont aveugles physiquement et spirituellement ; vie pour ressusciter les morts par la grâce de Dieu »[2].
Ce projet pastoral va se mettre en œuvre tout au long de sa courte vie. On le verra ainsi auprès des malades, des soldats, des orphelins, des pauvres, des immigrés, des jeunes, des séminaristes, des enseignants, des étudiants, etc. Il était alors confesseur, aumônier militaire, prédicateur, directeur spirituel, enseignant, etc. Il voulait être partout à la fois pour la gloire de Dieu et le salut des âmes. Ouvrier infatigable et conscient de l’immensité de la tâche, il eut en 1835 l’inspiration de créer une communauté de Prêtres, de Frères, de Sœurs et de laïcs qui se consacrerait à raviver la foi et rallumer la charité dans le monde entier. Vincent Pallotti pensait d’ailleurs que tout baptisé est apôtre. Il faut bien comprendre que c’était un message révolutionnaire à l’époque puisque l’apostolat n’était réservé qu’aux évêques et à leurs collaborateurs que sont les prêtres. C’est ainsi que l’Église aura du mal accepté cette pensée. L’Esprit étant toujours à l’œuvre, cela sera accepté et formalisé pendant le Concile œcuménique Vatican II dont il sera le Saint Patron. Il sera d’ailleurs canonisé au cours de ce Concile le 20 janvier 1963 après sa mort et sa béatification respectivement le 22 janvier 1850 et 1950.
Les Pallottins (prêtres, frères, religieux) et Pallottines (sœurs et religieuses) regroupés au sein de l’Union de l’Apostolat Catholique, sont engagés à la suite de Jésus-Christ sur les pas de Vincent Pallotti. Comme lui, ils se laissent pousser par la Charité du Christ. Leur devise reprend d’ailleurs cette phrase de Saint Paul : « Caritas Christi urget nos ; La charité du Christ nous presse » (2Co 5, 14). Ce qu’il y a de particulier et d’important est que le Pallottin s’inscrit dans le charisme laissé par le fondateur : la collaboration. C’est ainsi qu’ils cherchent à exercer son apostolat en incluant d’autres religieux et religieuses ainsi que les laïcs qui sont eux-aussi des apôtres de Jésus-Christ de par leur baptême.
Le Pallottin est convaincu que la formation de l’homme est intégrale. Elle s’étend aux niveaux spirituel et humain. Tous ces aspects sont toujours mis en commun dans leurs différentes œuvres. Voilà pourquoi un accent est mis sur la catéchèse et l’accompagnement spirituel. Les Pallottins sont présent dans plusieurs pays dans le monde : Italie, Allemagne, France, Pologne, Espagne, Cameroun, Rwanda, République Démocratique du Congo, Nigéria, Afrique du sud, Kenya, Malawi, Tanzanie, Côte-d’Ivoire, Inde, Brésil, Etats-Unis, Australie, etc. La liste est loin d’être exhaustive. Dans ces différents pays, ils sont engagés dans des paroisses, dans des établissements scolaires, dans des centres d’accueil, dans des Grands Séminaires et des couvents proprement pallottins.
Dans toutes ces œuvres, on note une collaboration entre des prêtres, des religieux, des religieuses et des laïcs. L’essentiel est d’être animé par la charité. Sur ce, Vincent Pallotti disait : « Si nous sommes vraiment animés par l’esprit de charité, regardons tout le monde avec charité, pensons à tout le monde avec charité et parlons de tout le monde avec charité »[3].
En somme, Vincent Pallotti est un saint qui nous a parlé, qui nous parle et qui continuera de nous parler. Son charisme a révolutionné l’Église. C’est grâce à ce charisme que chacun peut maintenant se sentir concerné par le salut du monde. Visionnaire qu’il était, au moment de sa mort, il sut que son œuvre grandirait : « La congrégation se développera et sera bénie par Dieu, dit-il. Vous le verrez. Je vous dit cela non parce que j’ai confiance, mais parce que j’en ai la certitude »[4]. Et nous pouvons dire que l’histoire et le temps lui ont donné raison puisqu’on retrouve les Pallottins sur la grande majorité des continents.
Père Patrice Dieudonné ATEBA BENDE, SAC
[1] Père Hans WALLHOF, SAC, Mosaïque d’un Saint, 1993.
[2] Vincent Pallotti, Textes Fondateurs, p. 233.
[3] UAC, Prières communautaires pallottines, p. 185.
[4] Idem.